sommaire - Lettres-Histoire dans l'académie de versailles

On peut en effet lire au sujet du programme d'examen de certains CAP qu'il ... il
ne peut suffire d'apprendre au garçon ce qui est utile à l'exercice de son métier,
...... En lecture, qu'elle soit analytique, d'?uvres longues, de groupements de ......
Je dirais que l'on suit là une logique comptable et pas une logique pédagogique.

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Sommaire
PRÉSENTATION PAGE 1
SUZANNE BOUDON
La bivalence lettres-histoire en lycée professionnel : page 2
un objet aux contours flous ?
Maryse LOPEZ
Vivre la bivalence au quotidien : le témoignage des collègues
page 18
Françoise BOLLENGIER, Christine ESCHENBRENNER
La bivalence du côté des élèves page 29
Françoise BOLLENGIER
La bivalence lettres-histoire page 44
Ingrid DUPLAQUET, Régis SIGNARBIEUX
La bivalence sur www.lettres-histoire.ac-versailles.f page 59
Pierre BRUNET, Suzanne BOUDON
Le récit, raconter en histoire, un objet bivalent ? page 63
Régis SIGNARBIEUX
Du côté des lettres-langues page 69
Françoise GIROD
Dialogue avec Estelle, PLP anglais-lettres page 75
Stéphane RENAULT
Présentation interlignes est au rendez-vous de juin avec un numéro 42 consacré à
« La bivalence en lettres-histoire » thème presque jamais abordé du fait de
la place marginale de la bivalence dans l'organisation de l'Éducation
Nationale française. En effet, les professeurs bivalents de lettres-
histoire et géographie qui enseignent aussi l'éducation civique, les
professeurs d'anglais-lettres, exercent uniquement dans les lycées
professionnels. Ce numéro apporte un regard neuf sur notre identité de
professeur de lycée professionnel et des réponses à nos interrogations.
Maryse LOPEZ, qui conduit un travail de recherche sur l'enseignement
de la littérature dans l'enseignement professionnel de 1945 à 1985, lance
une réflexion sur cette bivalence « La bivalence lettre-histoire, un objet
aux contours flous ? » en s'appuyant sur l'histoire de l'enseignement
professionnel.
Françoise BOLLENGIER, Christine ESCHENBRENNER enquêtent auprès de
quelques collègues sur « Vivre la bivalence au quotidien » pour tenter de
cerner la construction de la bivalence sur le terrain, les avantages et les
inconvénients relevés par ces professeurs.
Dans l'article « La bivalence du côté des élèves », Françoise
BOLLENGIER rassemble les témoignages d'élèves autour de la question :
« Appréciez-vous le fait qu'un seul professeur enseigne à la fois le
français, l'histoire et la géographie ? ».
Régis SIGNARBIEUX et Ingrid DUPLAQUET abordent la bivalence dans le
cadre des stages de formation continue et nous livrent leur analyse sur
« La bivalence lettres-histoire », exposent les conceptions de la
bivalence, la place et le croisement des disciplines dans la bivalence.
Avec Pierre BRUNET, nous avons recensé les expériences pédagogiques,
introduisant la bivalence, présentes sur le site académique et dans les
anciens numéros du bulletin : « La bivalence sur www.lettres-histoire.ac-
versailles.fr ».
À partir d'un objet d'enseignement : le récit, Régis SIGNARBIEUX fait
le constat des pratiques du récit en lycée professionnel et de son
utilisation dans les classes : « Le récit, raconter en histoire, un objet
bivalent ? ».
Françoise GIROD élargit notre champ de réflexion en allant voir « Du
côté des lettres-langues ». L'échange qu'elle conduit donne la parole à
deux inspecteurs d'anglais-lettres : Patricia LASAUSA et Marc LEWIN.
Enfin Stéphane RENAULT interviewe une professeure d'anglais-lettres
qui enseigne le français. Dans «Dialogue avec Estelle, PLP anglais-
lettres », il montre l'intérêt, pour le professeur d'anglais, d'enseigner
aussi cette discipline.
Avec ce numéro d'interlignes, l'équipe de rédaction a donné une place
importante à l'enquête de terrain afin de mieux nourrir la réflexion sur la
bivalence. La relecture a été réalisée avec l'aimable collaboration de
Georges BÉNET et Pierre BRUNET.
interlignes poursuit sa mission de mutualisation des expériences. Le
bulletin de liaison des PLP est encore, pour 2012, tiré sur papier, envoyé
dans les lycées professionnels et publié sur le site des PLP lettres-
histoire de l'Académie de Versailles. Avec l'ère du tout numérique, vous
retrouverez le bulletin uniquement sur le site académique en 2013. Nous
vous souhaitons une bonne lecture.
Suzanne BOUDON
Coordonnatrice du numéro
La bivalence lettres-histoire en lycée professionnel :
un objet aux contours flous[1] ? En 1998, André Rettig alors IEN dans l'académie de Toulouse, posait la
question suivante : « La bivalence, pour quoi faire ? ». Cette question en
apparence banale est pourtant celle que se pose tout jeune professeur qui
entre dans le métier et qui va l'accompagner durant toute sa carrière de
professeur de lettres-histoire. Nous pourrions compléter cette question par
une autre : Pourquoi la bivalence en lycée professionnel ? Cette dernière
interrogation incite alors à se tourner vers le passé et à repenser la
bivalence dans une perspective historique, en lien avec l'histoire même de
l'enseignement professionnel. Nous développerons donc dans cet article une
approche diachronique de la bivalence lettres-histoire[2], approche qui
nous paraît utile pour éclairer le présent et pour comprendre ce que
signifie être aujourd'hui professeur bivalent en lycée professionnel.
Bien que la bivalence soit une notion aux contours relativement flous,
peu évoquée dans les programmes ou dans les discours officiels, bien que
les recherches universitaires -plus particulièrement dans le champ de la
didactique- soient quasi-inexistantes, la grande majorité des PLP LH lui
sont attachés et considèrent ce statut constitutif de leur identité
professionnelle.
Nous avions, à ce sujet et dans un autre contexte[3], souligné un
apparent paradoxe : une adhésion en demi-teinte à l'idée d'être bivalent
lorsqu'il était question des contenus d'enseignement et un attachement
revendiqué lorsqu'il s'agissait de pédagogie. Ce paradoxe est révélateur
des tensions qui traversent l'enseignement général en LP : d'un côté, le
souci de prendre en compte l'élève, au centre des préoccupations du
professeur de LP, de l'autre, la nature des contenus à enseigner, tension
donc entre un modèle universitaire monovalent et une réalité du métier qui
conduit les enseignants à apprécier la bivalence. Or, les récentes
évolutions de la voie professionnelle -baccalauréat en trois ans,
alignement des programmes, disparition de toutes références au métier dans
les programmes de français- reposent la question du croisement des deux
logiques qui traversent la bivalence : logique verticale des disciplines et
logique horizontale au croisement des disciplines. Comme le note Edgar
Morin (1990), la discipline est « une catégorie organisationnelle au sein
de la connaissance scientifique » ; elle s'organise selon des lois qui lui
sont propres et qui lui assurent une certaine autonomie tout en
s'inscrivant dans un domaine de connaissances beaucoup plus large. La
bivalence dans ce cas permettrait de pouvoir dépasser un cloisonnement
disciplinaire ce qui, dans l'enseignement professionnel, pourrait aider les
élèves à appréhender la connaissance de manière plus globale.
La bivalence : un cadre de questionnement
Pour un professeur du second degré général et technologique, la notion
de discipline peut apparaître comme un allant de soi de la même manière que
certains objets nodaux qui la constituent semblent relever de la
« naturalisation » de l'objet enseigné : la littérature ou la grammaire
pour la discipline français, le document comme fondement de la démarche
historique en histoire ou encore le paysage en géographie. Ainsi dans
l'enseignement secondaire a-t-on l'habitude de penser l'organisation
scolaire autour des disciplines, d'ailleurs fortement hiérarchisées selon
le segment scolaire. Il suffit pour cela de regarder la façon dont elles
sont déclinées dans les bulletins scolaires. Or de nombreux chercheurs dont
plus particulièrement André Chervel ont montré que cette notion de
discipline est en fait une invention récente. Dans un article qui a fait
date dans l'histoire des disciplines scolaires (1988/1998) et par voie de
conséquence dans le champ de la didactique, ce chercheur montre comment à
la fin du XIXème siècle et au début du XXème le développement de
l'enseignement secondaire s'accompagne d'un renforcement de l'organisation
de l'enseignement en découpage disciplinaire. Dans cette organisation
sérielle, toute remise en question des découpages disciplinaires peut alors
apparaître comme dangereuse aux yeux des acteurs (Forquin 1990) et
expliquer en partie la méfiance et la suspicion qui entourent les
enseignements bivalents.
L'histoire de l'institution scolaire peut aider à comprendre le poids
des disciplines dans l'enseignement secondaire français. À partir de 1880,
le développement de ce qu'on appelle les enseignements intermédiaires ou
l'école moyenne (Chapoulie 2010) obéit à deux mouvements spécifiques d'une
organisation par ordres et non par degrés comme nous la connaissons
aujourd'hui. En effet, le développement de l'enseignement au-delà du
primaire obéit à deux logiques au départ distinctes : la diversification du
secondaire d'une part, avec l'enseignement spécial de Victor Duruy,
enseignement secondaire sans latin, et la prolongation de la scolarité du
primaire d'autre part, avec la création des