La Recherche floue - Wiki URFIST

Ce constat serait à valider formellement par un examen des statistiques ..... Elle
fait référence à la fuzzy logic (la logique floue) où, à la différence de la logique ...

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La Recherche floue . GALLEZOT, Gabriel, Université de Nice Sophia Antipolis, URFIST, I3M,
gallezot@unice.fr
. ROLAND, Michel, Université de Nice Sophia Antipolis, URFIST,
roland@unice.fr
. ARASZKIEWIEZ, Jacques, Université de Nice Sophia Antipolis, IUT Nice Côte
d'Azur, Département Information-Communication, I3M,
araszkie@iutsoph.unice.fr
Résumé: Les enquêtes sur les pratiques informationnelles en milieu
universitaire tendent à reposer sur le modèle de la fracture numérique
générationnelle, où le milieu universitaire est impacté de l'extérieur par
les usages des digital natives, et à évaluer les pratiques des étudiants
selon leur écart avec ce que les médiateurs estiment les "bonnes
pratiques". Un mode d'évaluation non normatif mais basé sur l'efficience
des stratégies de recherche permettrait de rendre mieux compte de leur
diversité voire de leur inventivité. Une telle évaluation suppose une
nouvelle compréhension de ces stratégies. A travers trois axes de
questionnement (connaissance des ressources, appropriation critique des
interfaces, réassomption de la subjectivité des pratiques) nous esquissons
un nouveau paradigme d'une "recherche floue" qui associe la maîtrise des
outils selon le critère de la relevance à la sérendipité en tant qu'elle
suppose l'aptitude à accueillir l'inattendu. Abstract: The many surveys about information usages in academic environment
tend to rest on the model of the generational digital divide, according to
which the academic world is impacted from outside by the "digital natives"
usages. As a consequence, they tend to evaluate students information
practices according to the distance from the "good practices" as conceived
by the mediators. A non-normative evaluation mode, based on efficiency,
could give a better view on the diversity and inventivity of the
strategies. Such an evaluation implies a new understanding of those
information retrieval. Through three lines of questioning (knowledge of
ressources, critical appropriation of interfaces, reassumption of
subjectivity) we give a sketch for a new paradigm, that of a "fuzzy search"
wich associates mastering the tools according to the relevance criteria
with serendipity as implying the trained aptitude to greet the unexpected. Mots-clés: relevance, pertinence, sérendipité, recherche floue, pratiques
informationnelles Keywords: searching, digital natives, serendipity, fuzzy search,
information literacy
Contexte / Introduction Si l'on a pu croire, dans un premier temps, que le domaine universitaire
profiterait de la "révolution numérique" sans que soient remis en cause ses
équilibres fondamentaux, force est de constater que la situation est plus
problématique. Dans les outils de la recherche scientifique sont peu à peu
importés des techniques et des pratiques originaires du web 2.0. Le
caractère spontané et désordonné de cette importation entraîne une
situation de crise où les acteurs sont désorientés par la
déconstruction/reconstruction de leur univers documentaire. Ils ont
tendance à objectiver indistinctement n'importe quel résultat et les
formateurs à l'IST ont l'impression de mener un combat perdu d'avance
contre Google. Cependant de récents articles américains (HEAD, 2007 ; GUESS, 2008) ont
pointé que l'utilisation majoritaire de Google par les étudiants n'était
pas exclusive de l'utilisation d'autres outils. S'il existe ainsi d'autres
patterns d'organisation des procédures de recherche, encore faut-il les
recenser et en évaluer l'importance et l'effectivité (MARCUS 2007). Une
étude sur les pratiques informationnelles des étudiants avancés et des
enseignants chercheurs des pôles universitaires de la région Paca, pilotée
par l'Urfist-Paca, est programmée pour 2008-2009. Elle a pour ambition de
collecter des données permettant de reconnaître, de décrire et d'évaluer
les procédures élaborées dans ce nouveau contexte, procédures que nous
regroupons sous l'intitulé de "recherche floue"[1], qui désigne à la fois
le changement de repères ou flou sémiotique (ARASZKIEWIEZ, à paraître), une
modification de l'intelligibilité ou flou cognitif et les éventuelles
remédiations à un effet de "flouté" des résultats. Nous souhaitons, par le biais d'une observation participante au sein de
stages réalisés à l'Urfist et le défrichage de la littérature sur le sujet,
proposer, en amont de l'enquête, des pistes d'observation, des éléments à
quantifier ou à vérifier, des faits à expliciter. Nous considérerons ainsi
des pratiques informationnelles comprises dans une palette très large de
situations, entre une vision amoindrie de la réalité documentaire et une
recherche aléatoire contrôlée, en y associant la notion et la fonction
heuristique de la sérendipité qui nous permettra d'esquisser un nouveau
paradigme. Et au-delà nous tenterons d'appréhender le cadre conceptuel
nécessaire à la compréhension des pratiques observées comme de leur
effectivité. Notre propos sera structuré autour de trois questionnements: 1. Les universitaires connaissent-ils les ressources disponibles en
ligne (sur leur campus ou sur le web), et maîtrisent-ils les procédures
d'interrogation des sources?
2. La fausse évidence des interfaces d'interrogation des ressources en
ligne induit-elle une perte des repères cognitifs généralement convoqués
dans l'activité de recherche d'information?
3. La réintroduction d'une subjectivité (d'un flou contrôlé) par des
pratiques informationnelles avancées permet-elle une véritable
intelligibilité des résultats de la recherche d'information?
I- Connaissance et maîtrise des sources Il s'agit ici de mettre en avant le flou des modèles cognitifs auxquels ont
recours les publics concernés (étudiants avancés et enseignants
chercheurs). Les universitaires connaissent-ils les sources disponibles en
ligne (sur leur campus ou sur le web) et maîtrisent-ils les procédures
d'interrogation des sources ?
Observation participante Dans le cadre de la formation à l'IST au sein de l'Urfist Paca-c ou dans le
cadre d'interventions externes (cursus universitaire ou autres lieux de
formation), nous sommes en contact avec des étudiants avancés, des
enseignants chercheurs et des bibliothécaires-documentalistes des pôles
universitaires de la région. Nous avons donc pu observer lors des
formations dispensées à ces publics quels étaient leurs comportements et
interrogations. Outre le caractère empirique de la méthode, nous devons
souligner certains biais : le stagiaire présent à nos formations est en
phase d'apprentissage de manière volontaire ou non volontaire. Il y aura
une différence entre celui qui sait qu'il ne sait pas et souhaite se former
et celui qui reçoit une formation sans l'avoir souhaité. Cette évidence
conduit à distinguer deux situations. Dans la première, les lacunes sont
identifiées, les attentes sont importantes, mais le stagiaire connaît déjà
le cadre et le contexte. Dans la seconde, se trouvent souvent des
stagiaires qui croient connaître l'essentiel nécessaire à leur activité. De
même, de par sa composition professionnelle et estudiantine et de par les
disciplines représentées, la population observée est loin d'être homogène.
Malgré ces biais, nous pouvons relever quelques traits saillants des
pratiques informationnelles des populations avec lesquelles nous
interagissons.
Connaissance des ressources Les ressources de la bibliothèque sont peu ou mal connues et en conséquence
peu utilisées. Ce constat serait à valider formellement par un examen des
statistiques collectées par les services communs de documentation (SCD).
Deux éléments récurrents peuvent néanmoins apparaître d'ores et déjà comme
des indices de sa justesse : la méconnaissance des listes des ressources
sur le site du SCD et la satisfaction lors de découverte d'une base de
données du domaine étudié. Plus généralement, la distinction entre une base
bibliographique, une base de périodiques, un catalogue, etc. n'est pas
connue. Cette méconnaissance entraîne nécessairement des insatisfactions
dues aux écarts entre les attentes et les résultats obtenus. De manière
générale, il convient de noter que les ressources en bibliothèque ne sont
pas les premières à être consultées. Les outils de recherche du web sont
devenus prédominants. Pourtant là aussi peu d'outils sont connus et
utilisés, et là encore la typologie des outils et leur champ d'application
est méconnue. Soulignons en outre que les facteurs « temps », « efficacité »,
« simplicité » sont des arguments régulièrement avancés pour ne pas se
confronter à un outil. Qu'il s'agisse d'une ressource du SCD ou du web, il
est souvent réclamé un apprentissage très prosaïque, proche d'une aide en
ligne pourtant peu explicite et rarement lue. Les aspects historiques,
méthodologiques, conceptuels sont souvent perçus comme inutiles.
L'environnement documentaire est ainsi refusé : quelques mots entrés dans
la fenêtre de recherche de Google suffisent à produire des réponses
« pertinentes ».
Maîtrise des outils Le maître-mot serait donc l'efficience. Sous cet angle, le moteur de
recherche semble parfaitement convenir. Son usage est considéré comme
facile au regard des ressources de la bibliothèque : « Je tape, j'obtiens
quelque chose qui me convient. Les bases de données ? Je tape... et je
n'obtiens pas forcément quelque chose ». En effet, pour bien utiliser les
ressources de la bibliothèque, il convient de connaître, ou du moins
d'appréhender a minima les « codes documentaires » : la terminologie, la
typologie, la structuration, l'indexation et les standards des ressources
et des documents. Cet apprentissage supplémentaire est perçu comme obsolète
au regard de la simplicité d'utilisation des moteurs de recherche.
Parallèlement, peu d'intérêt est manifesté concernant la manière, au
demeurant complexe, dont les moteurs de recherche délivrent leurs
résultats. Les problèmes d'un Neil Montcrief, ou de la société Américan
Blinds[2] (BATTELLE, 2006) et a fortiori la censure consentie par Google
sur son mo