Evaluation au 30 mars 2020 de l'impact économique - OFCE

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policy briefLes mesures de réaction à l'épidémie de COVID-19 sur le territoire français vont
avoir un impact économique considérable du fait des mesures sanitaires absolument
nécessaires. Nous estimons que l'impact du confinement serait d'un peu plus de
30 points de PIB mensuel par mois de confinement, soit une perte de 2,6 points de
PIB annuel, soit 60 milliards d'euros par mois de confinement.
Cette évaluation ne constitue qu'une première étape dans le chiffrage d'un choc
économique et social inédit. Notre évaluation sera révisée régulièrement en intégrant
des effets non pris en compte à ce stade (cf. infra) mais aussi sur la base de nouvelles
données disponibles au fur et à mesure, permettant ainsi de mieux calibrer les chocs
pris en compte.
La décomposition de l'impact économique selon différents canaux est la suivante
(Fiche 4 et tableau 1) :1,0 point de PIB découle de la modification des comportements de consomma-
tion des ménages liées aux mesures de confinement touchant particulièrement
les activités impliquant des contacts (Fiche 1) ;0,7 point de PIB lié à la baisse de l'investissement (Fiche 2) ;
0,2 point de PIB résulte d'autres effets de demande, dont l'impact sur le solde
commercial dont le tourisme (Fiche 5) ;
0,3 point de PIB découle de la fermeture des écoles (Fiche 7). 12 millions d'élèves
sont concernés, et 1,2 million de salari
és (soit à peu près 5 % de la force de
travail en emploi) seraient empêchés de travailler pour cause de garde d'enfants,
en recourant à des arrêts de travail ou en provoquant de l'absentéisme ;
0,4 point de PIB provient de l'effet du confinement de la main-d'oeuvre et de la
possibilité limitée du télétravail pour certaines activités (Fiche 6), les difficultés de
l'accès aux sites de travail, les procédures particulières ou l'absentéisme pour
diverses raisons (droit de retrait notamment), ainsi que l'empêchement de la
production de certaines consommations intermédiaires1
.
Nous avons comparé notre estimation à celle de l'INSEE sur la partie consommation
des ménages (Fiche 11). Les écarts illustrent le poids des hypothèses dans cet exercice.
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30 mars 2020
Département analyse et prévision de l'OFCE
Sciences Po, OFCE
Évaluation au 30 mars 2020 de l'impact
économique de la pandémie de COVID-19
et des mesures de confinement en France
1.
Par exemple l'impossibilité d'organi-
ser certains événements comme les
salons. Nous avons retenu l'hypo-
thèse que cela impacte négative-
ment la valeur ajoutée agrégée par
un effet de fonction de production
similaire à l'absentéisme de la force
de travail.
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L'impact est très hétérogène selon les secteurs d'activité - un arrêt presque total
dans les activités de restauration et d'hébergement, une division par plus de 2 de l'acti-
vité dans le transport (Fiche 4 et tableau 1) -, ce qui indique la nature très spécifique du
choc et justifie des mesures budgétaires et fiscales de soutien ciblées plutôt que géné-
rales à ce stade.
En réponse à la baisse de la demande dans les secteurs directement affectés par le
confinement, ou à l'arrêt induit en amont ou encore à la difficulté de maintenir les fonc-
tions productives, le recours au chômage partiel (Fiche 8) concernerait environ
5,7 millions d'emplois (autour de 21 % de l'emploi salarié), pour un coût direct pour
les finances publiques de 2,9 milliards d'euros par semaine ou de 12,7 milliards d'euros
par mois. La perte de cotisations sociales liées au chômage partiel serait de 8,7 milliards
d'euros par mois, soit un coût total budgétaire qui peut s'élever à plus de 20 milliards
d'euros par mois dans l'hypothèse d'un recours intégral au dispositif d'activité partielle.
En sortie de confinement, le rebond d'activité serait potentiellement important
porté par un taux d'épargne élevé des ménages et une résilience du tissu productif en
raison des mesures de soutien budgétaire. L'un comme l'autre résulteraient de l'effica-
cité du plan de soutien à l'économie et auraient comme contrepartie la hausse du
déficit public. Le rebond pourrait compenser
en partie les pertes d'activité du confine-
ment, mais nous n'avons pas à ce stade intégré cet effet.
Tableau 1. Impact sur le PIB annuel et sur les secteurs (niveau 17)
En % de l'activité de chaque secteur (VA par mois), et en % du PIB total
Type de choc /
BranchesFermeture
des écolesBaisse de
la demandeAutres chocs
d"offre
Total
Agriculture-6-3-5-13
Energie, eau, déchets-3-11-4-18
Industries agro-alimentaires-10-6-4-20
Cokéfaction et raffinage-3-42-3-48
Biens d'équipement-4-26-3-33
Matériels de transport-1-68-2-70
Autres branches industrielles-4-29-3-36
Construction-1-47-3-51
Commerce-3-49-2-55
Transport-2-42-3-47
Hébergement - restauration0-87-11-98
Information - communication-1-11-4-17
Services financiers-1-150-16
Services immobiliers-7-7-4-18
Services aux entreprises-3-34-11-48
Services non marchands-3-2-5-10
Services aux ménages-6-29-3-39
Ensemble de l'économie (par mois)-3,6-23,3-4,7-31,6
Impact d'un mois de confinement
sur la croissance annuelle
-0,3-1,9-0,4-2,6
Source : calculs OFCE.
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Nous publierons dans les prochains jours l'évaluation de l'impact sur les comptes
d'agents (ménages, entreprises, administrations publiques) et sur les finances
publiques après une analyse détaillée des mesures de politique publique et des scéna-
rios de recours à ces dispositifs. La perte potentielle de 60 milliards d'euros de PIB par
mois de confinement serait largement absorbée par la dette publique, par le jeu des
stabilisateurs automatiques (imposition des sociétés et TVA notamment) et des disposi-
tifs mis en place, bien qu'il soit trop tôt pour en proposer une estimation fiable.
Pour deux mois de confinement, l'impact représenterait approximativement le
double (plus de 5 points de PIB annuel perdus), mais des non-linéarités peuvent appa-
raître et aggraver ou atténuer l'impact sur l'activité. Parmi ces non-linéarités, citons :
1.la perte de productivité en cas de télétravail prolongé (complémentarité avec les
tâches présentielles) ;
2.l'épuisement des stocks de produits critiques nécessaires à la production et donc
une amplification de la rupture des chaînes de valeurs ;
3.un durcissement des mesures de confinement (à l'inverse un assouplissement
pourrait atténuer l'impact) ;
4.les risques financiers et bancaires ainsi que des effets de stock sur les bilans
(trésorerie, carnets de commande, prime de risque), en particulier des acteurs
privés et donc la multiplication de faillites ;
5.l'accommodement des agents économiques à la situation et une organisation
agile des entreprises s'adaptant aux contraintes atténuant les effets négatifs du
confinement.
À ce jour, les indicateurs usuels (Fiche 9), collectés progressivement durant le mois
de mars 2020, commencent à quantifier l'ampleur du choc conjoncturel en cours. Les
indices PMI Markit du 24 mars 2020 révèlent une chute sans précédent de l'activité.
Etant très en dehors des intervalles habituellement observés, ils ne permettent pas une
calibration du PIB. L'analyse de la consommation d'électricité (Fiche 10) indique, à titre
illustratif, une perte de 0,3 point de PIB annuel pour un mois de baisse mensuelle et
ponctuelle de 20 % de celle-ci.
À ce stade, les éléments suivants ne sont pas incorporés dans notre analyse :
Une évaluation de la durée de confinement, qui supposerait de maîtriser des paramètres épidémiologiques, la possibilité technique d'organisations alterna-
tives du confinement et surtout des choix collectifs en la matière ;
Une évaluation d'un éventuel plan de relance complétant le plan de soutien à l'économie. La pertinence de ce plan dépend beaucoup du diagnostic porté sur l'économie française à l'issue de la période de confinement ;
Une analyse détaillée des impacts déflationnistes ou inflationnistes de cet évène-
ment exceptionnel ;
À ce titre, la baisse du prix du pétrole pourrait être un soutien au pouvoir d'achat
des ménages. Cependant, la baisse massive de la consommation de produit
pétrolier de la part des ménages attendue (80 %) rend l'effet prix négligeable
par rapport à l'effet volume déjà comptabilisé. Si la baisse du prix du pétrole se
prolonge au-delà de la période de confinement, l'effet prix pourra être plus signi-
ficatif. Nous préciserons ce point dans des analyses à paraître prochainement ;
L'effet sur le commerce extérieur et sur la balance courante. Nous avons implici-tement supposé un effet neutre (la baisse des exportations est compensée par la baisse des importations). Dans des analyses ultérieures, ce point sera précisé. Cet
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