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Il y a d'ailleurs quelques exemples de ces sortes de communications, qui, comme
... ils doivent se préparer à cet important travail par un examen profond et si je
puis ...... Par cette invention, les dix caractères numériques pouvaient se
connaître ..... STENGEL (Laurent) raconte, qu'en 1682, un jeune ébéniste d'
Ingolstad, qui ...

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[pic] SUR L'INSTRUCTION
DES
AVEUGLES,
ou
EXPOSÉ ANALYTIQUE
DES PROCÉDÉS EMPLOYÉS POUR LES INSTRUIRE;
Par Le Docteur GUILLIE,
Directeur Général et Médecin en chef de I'institution Royale Des
Jeunes Aveugles De Paris, Chevalier de la Légion d'Honneur,
Docteur en Médecine de la Faculté de Paris, Membre de la Société
Royale Académique des Sciences de la même ville ; des Académies
des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Cambrai, Chalons, Caen,
Dijon ; de la Société de Médecine pratique de Paris ; des Sociétés
Médicale d'Émulation et de Médecine de Bordeaux, Marseille,
Avignon, Évreux, Clermont-Ferrand, etc. A PARIS,
IMPRIMÉ PAR LES AVEUGLES,
ET SE VEND A LEUR BÉNÉFICE, A L'INSTITUTION,
Rue Saint-Victor, n° 68.
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1820
AU ROI.
Sire,
C'est au milieu des infortunés que vous consolez ; c'est dans un asyle
qu'ils doivent à votre bienveillante sollicitude, que j'ai composé cet
écrit, dont j'offre aujourd'hui l'hommage à Votre Majesté. Je n'ai été
distrait que par les concerts d'actions de grâce qui retentissent, de
toutes parts, dans cette enceinte, et les v?ux qu'on y forme pour votre
auguste personne.
Ah ! Sire, quel serait le bonheur des Aveugles si, le ciel ouvrant un
instant leurs paupières, ils pouvaient contempler les traits de leur
bienfaiteur ! Leurs yeux pourraient se refermer pour jamais ; leurs c?urs
en conserveraient F image.
Quel que soit le sort de ce faible ouvrage, je le livre, avec moins de
crainte, aux hasards des jugements humains, puisque Votre Majesté a daigné
permettre qu'il parut sous ses auspices. Il aura servi à acquitter mon c?ur
par le témoignage public de mon admiration pour une vie dont toutes les
actions sont autant de prodiges de justice et de bonté.
Je suis, avec le plus profond respect,
SIRE,
De Votre Majesté,
Le très soumis et très fidèle sujet
GUILLIE
(7)
PREFACE
DE LA PREMIERE EDITION Je satisfais aujourd'hui l'impatience du Public, en faisant paraître cet
Essai sur l'Instruction des Aveugles, depuis longtemps attendu. Heureux si
les témoignages de bienveillance que l'on donne, chaque jour, à ces
infortunés, mes enfants adoptifs, se répandent sur l'ouvrage de leur
maître, et le font accueillir favorablement ! Mais je ne me suis point
dissimulé, en le composant, les difficultés que j'avais à surmonter ; car
il n'existe aucun Traité ex professe, et il n'a rien été écrit, jusqu'à ce
jour, sur cette matière, si l'on en excepte une Notice très abrégée que
publia, il y a trente ans, le fondateur de l'institution, au moment où elle
venait de naître et avant que le temps et l'expérience eussent permis de se
livrer à l'observation.
(8) Il a fallu, pour la partie historique, faire des recherches assez
longues, et concilier souvent des opinions bien divergentes sur l'état
moral des aveugles, et les moyens propres à les instruire.
Fidèle à l'épigraphe que j'ai choisie, j'ai élagué tout ce qui m'a paru ou
inutile ou superflu, et je me suis borné à dire ce que j'ai cru
indispensable pour faire connaître l'établissement que j'ai l'honneur de
diriger. J'aurai atteint mon but, si je suis parvenu à donner la véritable
idée qu'on doit avoir des aveugles et des procédés employés pour les
instruire.
(9) AVERTISSEMENT
SUR CETTE TROISIÈME ÉDITION. A peine s'est-il écoulé quelques mois depuis la réimpression de cet
ouvrage, tiré à mille exemplaires, et déjà l'édition se trouve entièrement
épuisée. Cet empressement du public à se procurer un livre où sont
consignés les moyens de soulager une classe considérable d'infortunés est
une preuve manifeste de l'intérêt qu'ils inspirent aux amis de l'humanité.
Nous ne négligerons rien, en publiant cette troisième édition, pour
répondre à un témoignage aussi flatteur de bienveillance. La première et la
seconde partie qui, dans l'édition précédente, avaient reçu
quelqu'accroissement, seront encore augmentées dans celle-ci de plusieurs
articles intéressants. On trouvera dans la troisième partie la description
d'une nouvelle tablette à écrire, qui (10) rend cette étude beaucoup moins
pénible aux aveugles. Une planche placée en regard de la description fera
connaître la forme des différentes parties de cette tablette. Une seconde
planche donnera la figure de la presse et de la mécanique à imprimer dont
on se sert actuellement à l'institution : toutes les autres planches ont
été soigneusement retouchées à la pointe sèche. Enfin plusieurs nouveaux
morceaux de poésie, composés par des aveugles, seront ajoutés à ceux qui
avaient été mis dans les première et seconde édition, et une note extraite
du compte rendu à S. E. le ministre de l'intérieur sur l'état de
l'institution pendant les exercices de 1817 et 1818, fera connaître les
changements survenus et les améliorations faites dans le matériel de cet
établissement depuis deux années.
Puissent les efforts que nous avons faits pour rendre cette édition
complète et digne du public, n'être pas perdus !
(11) INTRODUCTION Comme nous ne nous servons habituellement que du moyen rapide, mais peu
fidèle, de la vue, pour discerner les objets qui nous entourent, on croit
que les aveugles ne doivent rien connaître de ce qui existe, et qu'ils ne
peuvent jamais s'éloigner du cercle étroit qui les environne : on les
regarde comme des êtres dégradés, condamnés à végéter sur la terre ; on
croit avoir assez fait pour eux, lorsqu'on a confié à leur mémoire le nom
et la forme des objets usuels : on ne se pénètre pas assez de cette vérité,
que l'aveugle qui n'est pas instruit est, toute sa vie, comme l'enfant qui
vient de naître, qui ne peut, par lui - même, pourvoir à ses besoins : il
mourrait si on ne prenait soin de lui.
L'éducation des clair-voyants commence, pour ainsi dire, avec leur
naissance ; tout (12) contribue à leur développement : ils imitent avec
facilité les jeux des compagnons de leur enfance, dont ils répètent
jusqu'aux moindres mouvements ; ils lisent dans la physionomie de leur
nourrice, et les regards d'une mère sont, pour eux, la meilleure leçon.
Tout cela est perdu pour l'aveugle, enseveli pour jamais dans les ténèbres.
Il est obligé de tout créer, puisqu'il n'a rien vu : l'acte le plus simple,
en apparence, pour les autres enfants, devient pour lui une chose nouvelle.
Voilà ce qui donne naissance, sans doute, à cette attitude silencieuse et
timide des aveugles pendant les premières années de leur vie, et à cette
habitude de concentration, qui ne les abandonne jamais.
Puisqu'il est bien reconnu qu'ils sont privés de la faculté d'apprendre,
par l'imitation, dans leur enfance, on devra s'attacher à obtenir le même
résultat, par méthode ; et tout ce que l'on fera dans la suite n'aura
d'autre but que de rétablir l'équilibre pour les mettre de niveau avec les
autres hommes.
(13) Ce serait donc une grande erreur de confondre les aveugles avec les
enfants ordinaires, et de penser qu'on peut les instruire de la même
manière. L'instituteur ne réussira jamais, s'il n'est bien persuadé que
l'aveugle sent les choses tout autrement que nous ; qu'il n'attache pas aux
mots les mêmes idées ; s'il ne devient enfin l'élève de son disciple, et
s'il n'étudie avec lui. Toujours obligé d'examiner ce qu'on lui présente ou
ce qu'on lui dit, l'aveugle contracte, de bonne heure, et presque
instinctivement, une grande habitude de l'analyse : aussi faut-il
s'attendre de sa part aux questions les plus neuves, les plus
extraordinaires, et quelque fois aussi les plus embarrassantes. Le monde
moral n'existe pas pour cet enfant de la nature ; la plupart de nos idées
sont pour lui sans réalité : il agit comme s'il était seul ; il rapporte
tout à lui. C'est de ce déplorable état qu'il faut tâcher de le retirer, en
lui apprenant qu'il y a des rapports et des liens de communication entre
lui et les autres hommes.
(14) Mais cette instruction des aveugles doit se faire par des progrès bien
insensibles ; il ne faut pas trop se hâter de cueillir des fruits : on ne
saurait la commencer d'assez bonne heure ; car les premières impressions
qu'ils reçoivent ne s'effacent jamais, et il est très intéressant que ces
impressions soient conformes à l'élan qu'on veut leur donner.
Il est évident que la parole ne peut imiter la forme des objets, et qu'il
n'y a rien de commun entre le son et les couleurs : le toucher seul,
convenablement exercé, est partout entendu sans convention et sans
commentaire; c'est la langue naturelle des aveugles ; c'est leur instrument
de confiance ; le toucher est leur sens par excellence, leur sens pour
ainsi dire universel. C'était donc ce sens qu'il fallait choisir pour être
l'intermédiaire entre l'homme qui n'en a que quatre et l'homme qui les a
tous : aussi est-ce sur ce principe qu'est fondée toute la théorie de leur
instruction.
Les aveugles, ainsi instruits, ne seront plus une calamité pour leur
famille ; cette (15) barrière qu'on avait crue insurmontable entre l'homme
qui voit et l'homme qui ne voit pas, n'existera plus, si l'on met en
pratique, les procédés heureux imaginés pour les instruire. Rendus à la
société et à eux-mêmes, ils béniront un jour la mémoire de ceux qui
élevèrent ce monument de bienfaisance.
On ne peut pas dire que ceux qui ont formé un système d'enseignement pour
les aveugles, n'aient eu ni guides ni modèles ; ils eurent, au contraire,
le très grand avantage de marcher sur les traces de ceux qui les avaient
précédemment instruits : ils pur