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Examen des faits dans l'affaire de l'épouse perdue ... mal à justifier ce mensonge,
fait l'observation qu'il est difficile pour les exégètes d'expliquer les Écritures :.

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ABRAHAM EN EGYPTE Examen des faits dans l'affaire de l'épouse perdue
par Thomas W. MacKay [1]
BYU Studies, vol. 10/4 Les commentateurs ont toujours été gênés par l'immoralité de l'attitude
d'Abraham pendant qu'il était en Égypte, quand le patriarche prétend être
le frère de sa femme, pas son mari. Les opinions sont allées de la
condamnation pure et simple (« Il s'est rendu coupable de prévarication et
de tromperie, il a perdu sa confiance parfaite en la protection de Dieu et
il a mis en danger la chasteté et l'honneur de sa femme pour une
préoccupation égoïste: sa propre sécurité[2] »), jusqu'au haussement
d'épaules gêné d'Augustin (« Il a gardé pour lui un peu de la vérité, il
n'a rien dit de faux[3] »). Un ecclésiastique a considéré qu'il « ne
faisait aucun doute » qu'Abraham a souffert de son « arrangement pécheur »
avec Sara[4], et un érudit contemporain déplore cette attitude qu'il
qualifie de « considération cynique et utilitaire[5] ». Calvin approuve le
but recherché (sa vie); mais il ne peut pas excuser complètement le moyen
(le mensonge)[6]. Luther, qui a lui-même du mal à justifier ce mensonge,
fait l'observation qu'il est difficile pour les exégètes d'expliquer les
Écritures : « Il n'y a jamais eu de théologiens ni d'autres lecteurs que le passage que
nous étudions n'aurait pas offensés, même parmi les Juifs. Il est tellement
surprenant, suscite tant de questions et est si offensant, surtout si on le
comprend correctement; car ici se révèlent des infractions tant à la foi
qu'à la moralité... Les Juifs, comme ces ânes bâtés de stoïciens,
interprètent cette attitude très durement et accusent Abraham d'un si grand
péché qu'ils prétendent qu'il a été puni parmi ses descendants par la
captivité en Égypte.[7] » Skinner[8], toujours mal à l'aise après avoir donné toutes les explications
possibles, dit : « En fin de compte, il faut supposer que, vu les
circonstances, le mensonge est excusable. » On voit la gravité du problème
dans les implications relevées par la Bible de Jérusalem : « Le but de ce récit... est de commémorer la beauté de l'ancêtre féminine
de l'espèce, la ruse de son patriarche, la protection que Dieu leur a
accordée. L'histoire est le reflet d'une étape du développement moral où le
mensonge était encore considéré comme légitime dans certaines circonstances
et où la vie du mari était plus importante que l'honneur de sa femme. Dieu
était en train de conduire les hommes au respect du code de moralité, mais
cela se faisait graduellement. » Tout cela est bien connu : l'incapacité totale des auteurs rabbiniques,
patristiques et contemporains de comprendre Abraham. Tous les aspects des
motifs du sacrifice et de l'obéissance représentent autant de pierres
d'achoppement. En fait il n'y a pas de justification morale à l'attitude
Abraham, en dépit de toute la casuistique et de tous les sophismes imaginés
par les esprits érudits. Toutes les protestations, toute la confusion, tout
l'embarras ne font que démontrer la banqueroute du monde : l'histoire
d'Abraham déroute les commentateurs érudits depuis des siècles. Maintenant
les gens commencent à attribuer à Abraham, plutôt qu'à Moïse, l'origine de
l'alliance, mais leurs efforts les laissent dans leur confusion et ne font
que mettre l'accent sur leur malaise. Le Livre d'Abraham nous donne la
documentation nouvelle nécessaire pour une réévaluation qui va nous
permettre de comprendre. Chaque fois que nous nous trouvons face à un problème, nous devons tout
d'abord scruter les données fournies par l'Antiquité et évaluer exactement
leurs limites. Cela permet souvent une approche nouvelle et montre les
faiblesses possibles de notre analyse. En outre, nous constatons souvent
que nous avons d'une façon ou d'une autre négligé d'envisager des
possibilités tout à fait évidentes qui sont présentes dans les éléments
dont nous disposons, mais qui sont obscurcies par des présuppositions. Nous
nous proposons ici de retourner en arrière et d'étudier l'histoire des
récits abrahamiques dans la Genèse, Jubilés, Jasher, l'Apocryphe de la
Genèse[9] et le Livre d'Abraham. La Genèse et le livre des Jubilés (vers le 3e siècle av. J.-C.) sont les
récits les plus abrégés. En fait, d'après Dupont-Sommer, l'auteur des
Jubilés prend grand soin de comprimer le récit, comme s'il voulait éliminer
tout ce qui pourrait jeter le doute sur la loyauté et la réputation
d'Abraham[10]. Le Livre de Jasher (dont on dit qu'il est le livre mentionné
dans Josué 10:13 et 2 Samuel 1:18) et l'Apocryphe de la Genèse embellissent
l'histoire de détails puisés dans la tradition juive[11] et représentent
par conséquent une version augmentée. Bien que le Livre d'Abraham ne
consacre qu'une petite partie de notre texte actuel au séjour en Égypte, il
semblerait, à en juger par le fac-similé n°3, qu'Abraham, après avoir écrit
sa révélation sur la Création (chapitres 3-5), a continué son récit
personnel. Toutefois, le petit nombre de versets qui reste présente un
élément très intéressant que n'avance aucune autre source, à savoir que
c'est Dieu qui a commandé à Abraham d'avoir recours à l'astuce « frère-s?ur
» (Abraham 2:25). Le texte de ces cinq récits est présenté dans des colonnes parallèles. La
comparaison des sources soulève plusieurs questions dont nous examinerons
brièvement les suivantes: 1) l'antiquité du Livre d'Abraham, 2)
l'intervention de Dieu et le « mensonge » d'Abraham, 3) la guérison du
pharaon par Abraham, 4) Abraham sur le trône du pharaon et 5) le motif de
l'épouse-s?ur. L'ANTIQUITE DU LIVRE D'ABRAHAM Dupont-Sommer admet les affinités entre l'Apocryphe de la Genèse et
Jubilés, bien qu'il hésite quelque peu à accepter l'opinion d'Avigad et
Yadin (dans la première édition) que « le manuscrit a pu servir de source à
un certain nombre d'histoires racontées plus succinctement » dans le livre
d'Enoch et le livre des Jubilés[12]. Ces deux derniers livres peuvent être
datés du 4e, du 3e ou du 2e siècle av. J.-C.[13] ; par conséquent la
composition de l'Apocryphe de la Genèse antidaterait ceux-ci, même si le
manuscrit lui-même, qui est « l'exemple araméen le plus ancien de
littérature pseudépigraphique qui soit parvenu jusqu'à nous[14] », date
d'entre 50 av. J.-C. et 70 apr. J.-C.[15]. Il est évident que la date d'un
manuscrit donné de la littérature antique n'est quasiment jamais la date de
la composition et que la date de la composition n'est pas toujours
l'origine d'un élément donné. La question homérique doit suffire à nous
mettre en garde contre cela! Pour ne citer qu'un exemple précis de la façon
dont un récit antique peut être préservé pendant des siècles sans laisser
la moindre trace écrite, même parmi des populations alphabétisées,
l'histoire des deux morceaux du manteau de Joseph, racontée par le Livre de
Mormon et par Tha'labi (un Arabe qui a écrit au 11e siècle apr. J.-C.)[16],
a dû être transmise pendant plus de seize siècles dans le Proche-Orient et
même plus longtemps si elle remonte historiquement à l'événement proprement
dit! Pour ce qui est de l'histoire d'Abraham, Vermes nous assure que «
l'Apocryphe de la Genèse est fermement ancré dans un courant de tradition
dont les origines, finalement héritées de la littérature targumique et
midrashique, doivent provenir d'une époque antérieure.[17] » Cela ne veut naturellement pas dire que tout ce qui se trouve dans
l'Apocryphe de la Genèse est un fait ou même que tout ce qui s'y trouve
antidate le 4e siècle av. J.-C.. Il faut néanmoins faire certaines
constatations. Premièrement, la partie la plus ancienne de l'Apocryphe de
la Genèse est racontée à la première personne. Deuxièmement, la partie la
plus ancienne du récit est « riche en amplifications haggadiques[18] ».
Troisièmement, la partie plus tardive est racontée à la troisième personne
et quatrièmement, elle suit de plus près le texte biblique. Il semble, par
conséquent, que nous ayons affaire à un assemblage de parties bibliques et
d'histoires extra-bibliques. Cela indique que l'Apocryphe de la Genèse, tel
que nous le connaissons, a probablement été composé quelque deux à quatre
siècles avant que la copie que nous avons ne soit faite, et il contient de
vieux récits qui ne sont pas dans la Genèse. Mais il n'est pas nécessaire
de supposer que si une source donne une histoire plus complète qu'une
autre, la version plus longue soit forcément une expansion plus récente de
la version brève[19]. Là où l'Apocryphe de la Genèse ne suit pas
strictement le récit biblique concernant Abraham, il raconte une longue
histoire à la première personne provenant de la tradition juive. Le Livre d'Abraham utilise la première personne, comme l'Apocryphe de la
Genèse, et la nature de l'histoire et en particulier le rituel de la
création sont si sacrés que l'Abraham de la Perle de Grand Prix a pu avoir
une diffusion beaucoup moins grande que d'autres versions, peut-être
abrégées. Cependant le Livre d'Abraham et l'Apocryphe de la Genèse
s'accordent pour employer la première personne et pour raconter un cas d'intervention de Dieu pour protéger les justes. La nature
des différences et des ressemblances entre le récit de la Perle de Grand
Prix (PGP) et nos autres sources indiquerait par conséquent que
(indépendamment de la date paléographique du papyrus utilisé par Joseph
Smith et sans se préoccuper de la façon dont il l'a utilisé) l'histoire
antidate ces autres sources. L'INTERVENTION DE DIEU ET LE « MENSONGE » D'ABRAHAM La révélation et le commandement d