RACINE- Bérénice - Comptoir Littéraire

puis successivement l'examen de : ...... la pièce est artificieusement composée
comme un mécanisme ironique, qui exalte I'espoir .... Entre ce dernier et I'acte IV,
un laps de temps permet à Phénice d'aller en coulisse à la recherche de Titus.

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www.comptoirlitteraire.com André Durand présente ''Bérénice''
(1670) Tragédie en cinq actes et en vers de Jean RACINE
pour laquelle on trouve un résumé
puis successivement l'examen de :
les sources (page 3)
l'intérêt de l'action (page 7)
l'intérêt littéraire (page 12)
l'intérêt documentaire (page 17)
l'intérêt psychologique (page 17)
l'intérêt philosophique (page 25)
la destinée de l'?uvre (page 27)
l'étude de la pièce, scène par scène (pages 34-68). Bonne lecture ! RÉSUMÉ Acte I Scène 1. À Rome, Antiochus, le roi de Comagène, ancien compagnon d'armes du
nouvel empereur, Titus, et ancien amant de Bérénice, la reine de Palestine
que le Romain a emmenée à Rome après la conquête de la Judée, et qu'il est
sur le point d'épouser, envoie son confident, Arsace, la chercher.
Scène 2 . Resté seul, Antiochus frémit à l'idée de voir pour la dernière
fois avant son départ celle qu'il aime en secret depuis cinq ans, et qu'il
ne peut supporter de voir épouser Titus. Doit-il se taire ou lui déclarer
ses sentiments?
Scène 3. Arsace revient, et essaie de le convaincre de rester.
Scène 4. Bérénice arrive, radieuse et rassurée car, malgré son long silence
après la mort de son père, Titus l'aime toujours et doit l'épouser.
Antiochus lui fait ses adieux mais finit par lui avouer les vraies raisons
de son départ. Plus surprise qu'offensée dans sa gloire et déçue dans son
amitié, elle reçoit froidement cet aveu, et le laisse partir.
Scène 5. La confidente de Bérénice, Phénice, lui reproche de ne pas avoir
gardé en réserve cet amoureux fidèle, au cas où Rome ferait obstacle à son
mariage avec Titus, car le peuple romain entretient une vieille haine
contre la royauté, et le sénat est hostile à toute union avec une reine
étrangère. Émue par le souvenir de la gloire de Titus pendant la cérémonie
funèbre où son père, l'empereur Vespasien, avait été déifié, Bérénice
repousse les arguments de sa confidente, et veut voir Titus. Acte II Scène 1.Titus paraît et renvoie sa suite.
Scène 2. Avec son confident, Paulin, il analyse les raisons qui le poussent
à ne pas épouser Bérénice, au mépris de ses promesses et de leur passion
commune. Comme il interroge Paulin sur ce que pense Rome de son mariage
avec une reine étrangère, il apprend que la ville, bien qu'elle garde le
silence, n'est pas favorable à cette idée. Titus révèle que, refusant
surtout de bafouer la loi romaine, il a pris la décision de sacrifier à sa
gloire celle qu'il aime. Mais il ne sait pas comment le lui annoncer, et
est désespéré.
Scène 3. On annonce la venue de Bérénice, et Titus chancelle.
Scène 4. Alors que Bérénice est toute confiante, il se montre réservé et
affligé, incapable aussi de répondre clairement à ses demandes étonnées et
pressantes. S'interrogeant sur l'attitude de son amant, elle se trouble, se
plaint.
Scène 5. Avec sa suivante, Bérénice, inquiète de la brusque fuite de Titus
et de son silence, en cherche les raisons. Elle parvient à se rassurer en
pensant qu'il sait quelque chose de I'amour d'Antiochus, qu'il en éprouve
de la jalousie. Acte III Scène 1. Antiochus et Titus se rencontrent enfin. L'empereur s'étonne du
départ précipité de son ami mais n'en demande pas la raison. Il le charge
de délivrer à Bérénice le message d'adieu et de départ qu'il n'a pas osé
lui adresser lui-même, de lui expliquer sa décision, puis de la ramener en
Orient.
Scène 2. Alors qu'Arsace se réjouit, Antiochus se rappelle les sentiments
de Bérénice à son égard, et oscille entre espoir et inquiétude. Il décide
de ne pas être le porteur de la mauvaise nouvelle.
Scène 3. Bérénice entrant en scène à ce moment force à parler Antiochus :
il lui révèle la volonté de Titus de se séparer d'elle. Elle éclate en
reproches haineux, se refuse à le croire, le bannit pour toujours de sa
vue, et, avant de sortir, effondrée, demande à voir Titus.
Scène 4. Antiochus attend pour partir la nuit et la confirmation que la
reine n'a pas, par désespoir, cherché à attenter à ses jours.
Acte IV Scène 1. Dans un bref monologue, Bérénice nous révèle son profond et
douloureux désespoir.
Scène 2. Alors que Phénice lui dit avoir vu l'empereur en pleurs, Bérénice
refuse de se changer car elle pense que seule l'image visible de sa douleur
peut le toucher.
Scène 3. Titus envoie Paulin voir Bérénice, et reste seul.
Scène 4. Il s'interroge sur la conduite à tenir. Il cherche des raisons
pour revenir sur sa décision, mais son honneur d'empereur finit par
l'emporter sur ses sentiments.
Scène 5. Bérénice survenant, ils sont tous deux en larmes dans leur
dialogue déchirant. Bérénice tente de le fléchir. Titus, qui est prêt à
céder, après un moment de douloureuse incertitude, parvient à s'ancrer dans
sa résolution, à parler le langage du devoir : il respectera la loi de
Rome. Bérénice, qui, elle, parle le langage de I'amour, ne comprend pas que
l'empereur ne soit pas maître de son destin. Après s'être déclarée prête à
rester auprès de lui comme concubine, elle retrouve sa fierté, et sort,
menaçante, annonçant sa mort prochaine, où elle voit la seule issue.
Scène 6. Bouleversé par cet échange, et déchiré par les appels de Bérénice,
Titus se compare à Néron, et s'égare dans la douleur.
Scène 7. Antiochus lui fait des reproches, et l'encourage à aller voir la
reine.
Scène 8. Un Romain, Rutile, annonce que les corps constitués de Rome
arrivent au palais. Encouragé dans sa décision par Paulin, Titus choisit de
les recevoir, malgré l'irruption d'Antiochus, désespéré, qui l'incite
encore à venir voir Bérénice.
Scène 9. Arsace écoute Antiochus exprimer son désespoir. Acte V Scène 1. Arsace, heureux, est en quête de son maître.
Scène 2. Il annonce à Antiochus, qui n'osait plus espérer, que Bérénice
s'apprête à quitter Rome.
Scène 3. Titus invite Antiochus à être pour la dernière fois le témoin de
l'amour qu'il voue à sa maîtresse.
Scène 4. Antiochus, pensant qu'il s'agit d'une réconciliation, sort, décidé
à mourir.
Scène 5 : Bérénice veut partir sans écouter Titus, qui pourtant affirme
l'aimer plus que jamais. Pendant qu'elle lui renouvelle ses reproches, il
apprend par une lettre qu'il lui arrache que son départ est feint, et
qu'elle veut mourir. Il envoie Phénice chercher Antiochus.
Scène 6. En une longue tirade, Titus indique qu'il ne fléchit pas dans sa
résolution, répète que son amour pour Bérénice est plus fort que jamais,
mais répète aussi que la raison d'État exige d'eux une rupture, ajoutant
pourtant que, hébété de douleur, il est capable de tout, même du suicide.
Scène 7. Les trois héros étant réunis pour la première et dernière fois,
Antiochus avoue à Titus qu'il fut son rival malheureux, reconnaît qu'il a
fini par se résigner à la séparation, mais annonce son désir d'en finir
avec la vie. Devant le désespoir des deux hommes, Bérénice se ressaisit :
elle décide de partir, sans se donner la mort ; elle vivra pour que les
deux hommes vivent ; enfin, elle exprime le souhait que subsiste le
souvenir de leur malheureuse histoire. Analyse Sources Les personnages principaux évoqués dans ''Bérénice'' sont des figures
historiques évoquées par les historiens antiques. Racine avait une
connaissance directe de ces auteurs, qu'il pouvait lire dans le texte
original puisque ses maîtres, Lancelot et Nicole, lui avaient appris le
grec et le latin.
Les principaux écrits qui ont pu l'inspirer sont :
- Les ''Vies des douze Césars'', de l'historien latin Suétone (vers 69-
vers 126), où l'on trouve les biographies de Vespasien et de Titus.
- Les ''Histoires'' de l'historien latin Tacite (55-120) où sont décrits
les bouleversements politiques qui ont agité Rome en 69-70 après J.-C..
- ''Les antiquités juives'' et ''La guerre des Juifs'', textes en grec de
l'historien juif Flavius Josèphe (37-100).
- L'''Histoire romaine'' de Dion Cassius (vers 155-vers 235), historien
latin d'expression grecque, dont les livres concernant cette période ne
nous sont pas parvenus. L'Empire romain, qui avait étendu sa domination sur le Moyen-Orient,
l'avait divisé en des royaumes dont il avait dessiné les frontières, y
exerçait le pouvoir par l'entremise de procurateurs, fut, de César à
Hadrien, obsédé par les problèmes que lui créait cette région. Parmi ces
royaumes dont les rois étaient en quelque sorte des «collabos», il y avait
celui de Comagène et celui de Judée qui connaissait beaucoup d'agitation.
En 66, ses habitants, les Juifs, se révoltèrent contre le procurateur.
Aussi, en 67, l'énergique général romain Vespasien fut-il nommé légat de
Judée. Il mata la révolte, et pacifia le pays. Il était accompagné de son
fils, Titus, qui avait été fort débauché dans sa jeunesse, du fait de
l'influence de Néron à la cour duquel il avait été élevé (aspect dont
Racine sut tirer parti, par exemple dans les vers 506-508) mais dont la
trajectoire allait être inverse de celle du «monstre naissant».
Alors âgé de vingt-six ans, il tomba amoureux de la s?ur