l'education en finlande - Académie de Grenoble

On se souvient que lors du « Grand Débat sur l'avenir de l'école » organisé à la
fin ..... Cela, bien sûr, n'exclut pas d'informer les familles régulièrement des
progrès de ... Autre alternative : passer un examen de repêchage (« resist exam
») le ...

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L'EDUCATION EN FINLANDE :
LES SECRETS D'UNE ETONNANTE REUSSITE
« Chaque élève est important » Paul Robert, Principal du collège Nelson Mandela de Clarensac (Gard) Auréolée du prestige de ses résultats aux évaluation internationales PISA
(Program for International Student Assessment) de 2000 et de 2003, la
Finlande était pour moi depuis bientôt 6 ans le sujet d'interrogations
persistantes auxquelles n'étaient pas parvenues à répondre les informations
que j'avais pu glaner au fil des conversations ou des lectures.
L'opportunité d'une visite d'étude du programme européen Arion, m'a permis
de me rendre sur place en avril 2006. Organisée par M. Esa Räty, proviseur
du lycée de Niinivaara de Joensuu, cette visite regroupait 18 responsables
éducatifs venant de 14 pays, de la Norvège à la Turquie. Tous étaient
motivés par le désir de comprendre les raisons de l'étonnant succès des
élèves finlandais.
Le programme préparé par M. Räty nous a permis de visiter des
établissements scolaires de tous niveaux : un jardin d'enfant, deux écoles
primaires, deux collèges, deux lycées, un lycée professionnel, une
université et un centre de formation continue. Nous avons également
rencontré différents responsables locaux de l'éducation : Mme Janna
Puumalainen, directrice des Affaires internationales de la municipalité de
Joensuu, Mme Tuula Vihonen, directrice de l'éducation de Joenssu, Mme
Johanna Kurki, responsable des projets européens Arion et Comenius au
Bureau d'Etat de la Province orientale de Finlande. Nous avons pu aussi
discuter librement avec de nombreux professeurs et élèves ainsi qu'avec des
chefs d'établissements. Découvrant peu à peu la profonde originalité du
système finlandais, nous en avons tous conçu une véritable admiration et
l'envie d'en importer quelques uns de ses secrets dans nos pays respectifs. La Finlande et PISA
Les résultats de la première étude PISA menée en 2000 furent accueillis en
Finlande avec satisfaction mais aussi surprise. Certes, les finlandais
avaient engagé depuis plus de 30 ans de profondes réformes de leur système
éducatif. Mais ils n'avaient pas encore eu l'occasion d'en constater les
effets positifs de façon aussi indiscutable dans le cadre d'une étude
comparative aussi vaste. Dès cette première campagne PISA, la Finlande
arrivait en tête pour les performances en lecture de ses élèves parmi les
43 pays participants (les 30 pays de l'OCDE plus 13 pays associés). Elle
arrivait à la 4ème place en maths et à la 3ème place en sciences. Figurant
déjà parmi les tout premiers pays au monde pour l'efficacité de son
éducation, la Finlande améliora encore sa position en 2003, et obtint la
première place, parmi les 41 pays participants, dans les 3 matières déjà
évaluées en 2000 et la seconde pour la résolution de problèmes, introduite
dans cette nouvelle session.
La Finlande se pencha alors plus attentivement sur la question et publia un
rapport analysant ses résultats à PISA en 2003 (ce qu'elle n'avait pas fait
en 2000). Ce rapport met en évidence des caractéristiques dont l'intérêt va
bien au-delà des scores bruts. En effet les différences entre garçons et
filles y sont beaucoup moins fortes que dans n'importe lequel des autres
pays participants. Les garçons y réussissent certes moins bien que les
filles en lecture mais la différence est nettement moins marquée
qu'ailleurs. Et en maths, contrairement à tous les autres pays les filles
réussissent presque aussi bien que les garçons. Autre trait remarquable :
la Finlande est le pays, après l'Islande, où l'impact des disparités
sociales sur les performances des élèves est le plus faible. Très
significativement, le quart le plus défavorisé, selon des critères socio-
économiques, de la population d'élèves testés en Finlande se situe en
mathématiques nettement au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, toutes
populations confondues. De la même manière, les différences entre
établissements sont, là encore après l'Islande, les plus faibles de tous
les pays évalués..
Autre enseignement remarquable de l'étude: la proportion d'élèves obtenant
des résultats faibles («low-achievers ») en mathématiques est nettement
moins élevée en Finlande qu'ailleurs (6% contre 21% dans la moyenne des
pays de l'OCDE). Donnée qui n'est sans doute pas sans rapport avec le fait
que les élèves finlandais affichent une forte confiance en eux, en leurs
propres compétences et en leur potentiel d'apprentissage. Enfin leur niveau
d'anxiété par rapport à l'apprentissage des mathématiques apparaît
nettement plus faible que dans les autres pays.
Ainsi il ressort de cette étude que la Finlande est un des pays au monde où
les inégalités sont les mieux corrigés par l'éducation, où les différences
de compétences entre garçons et filles sont les plus faibles et où les
élèves ont un sentiment d'eux-mêmes très positif par rapport aux
apprentissages.
Il vaut donc la peine de chercher à comprendre comment ce pays a su
apporter des réponses aussi pertinentes à des problèmes dont la France n'a,
après 30 ans de collège unique, pas réussi à venir à bout.. Les clés du succès A.« Chaque élève est important » On se souvient que lors du « Grand Débat sur l'avenir de l'école » organisé
à la fin de l'année 2003 pour préparer la nouvelle loi d'orientation, la
formule figurant dans le rapport annexé à la loi de 1989, avait concentré
une grande part de la polémique : que fallait-il mettre au centre du
système, l'élève ou les savoirs ? La Finlande a sans conteste choisi la première solution. Il semble même que
ce soit une fine et profonde analyse des besoins réels de chaque élève qui
soit à la base de l'étonnant succès du système patiemment élaboré en 30 ans
de réforme dans ce pays.
L'idée qu'un élève heureux, épanoui, libre de se développer à son rythme,
acquerra plus aisément les savoirs fondamentaux n'a rien là-bas d'une
utopie de pédagogue illuminé : c'est tout simplement ce qui oriente
l'action de tous : état, municipalités, chefs d'établissement,
professeurs... La Finlande respecte profondément les savoirs, mais elle
respecte encore plus les individus à qui elle veut les faire acquérir. Et
cela ne passe pas làbas pour un idéalisme débridé, mais pour le plus
élémentaire pragmatisme. M. Esa Räty, proviseur du lycée Niinivaara de
Joensuu, a fait sa devise de la formule qui résume cette philosophie: «
chaque élève est important ». a) Un environnement chaleureux et accueillant L'élève doit se sentir à l'école « comme chez lui ». Tout hiatus entre
l'école et la maison doit être autant que possible gommé. Le cadre de vie
est conçu pour favoriser cette continuité : l'école est un lieu de vie où
les espaces de travail sont vastes (65m2 par classe dans le nouveau collège
en construction à Joensuu) et où de confortables endroits sont prévus pour
le repos. Les élèves vaquent dans des couloirs aux couleurs chaudes et
souvent décorés de travaux d'élèves, sans hâte et sans bousculades. Pas de
dégradations : les locaux sont propres et respectés comme un deuxième chez
soi. Il semble qu'il ne viendrait même pas à l'esprit des élèves de taguer,
de souiller, de détruire. La taille modeste des établissements (300 à 400
élèves pour un collège; 400 à 500 pour un lycée) crée une atmosphère de
proximité et permet au principal ou au proviseur de connaître
personnellement tous ses élèves.
Quant aux relations entre les professeurs et les élèves, elles sont
empreintes elles aussi d'une grande familiarité qui n'exclut aucunement le
respect mutuel. Du jardin d'enfant au lycée, les professeurs sont
accessibles, disponibles, attentifs. Une jeune élève allemande du lycée de
Niinivaara, venue passer une année dans le cadre d'un échange
international, raconte qu'elle avait un jour téléphoné à un professeur sur
son portable pour obtenir des éclaircissements sur un point du programme.
Assez intimidée, elle craignait la réaction de l'enseignant. Mais celui-ci
s'était montré, à sa grande surprise, enchanté de pouvoir lui rendre
service. « Tout le monde, ajoute-t-elle, est ouvert et positif. Les
professeurs cherchent à aider les élèves à apprendre. C'est extrêmement
chaleureux et amical ». Aussi tous les élèves avec qui j'ai pu échanger
disent-ils aimer leur école, même s'ils sont en délicatesse avec telle ou
telle matière.
Un des critères que le lycée de Niinivaara fait entrer dans son auto-
évaluation est le sentiment qu'ont les élèves de pouvoir être eux-mêmes en
toute circonstance! De fait on est frappé en circulant dans les
établissements par la grande décontraction (y compris vestimentaire) et la
liberté de mouvement des élèves qui n'exclut d'ailleurs nullement une
surprenante auto-discipline. Il semble que les vols soient inconnus: les
élèves déposent sans crainte leur vêtement dans un vestiaire en libre accès
dans le hall de tout établissement. Les vélos sont également déposés sans
anti-vol dans les emplacements prévus. En cours les professeurs ont un
seuil de tolérance élevé par rapport à de petits écarts qui entraînent
souvent en France des sanctions immédiates: cours de maths au collège de
Juhanala - un portable sonne. C'est tout juste si l'on entend le professeur
rappeler l'élève à l'ordre par un petit clappement de langue réprobateur.
L'élève regarde discrètement son sms et tout rentre dans l'ordre. Dans le
même cours une autre élève tresse tranquillement un scoubidou sans
s'attirer la moindre remarque: