2. Les objets et la consommation en sciences sociales

Cela fait un moment qu'ils jouent sur le réseau de la boîte, entre midi et deux, un
peu ...... le marquage, le vernis, le cadrage et en fait y a pas de raison de s'arrêter
, il y a .... de même que la « culture cannabis » locale pétrie de « discursivité ».
...... et le réalisme graphique comme une représentation qui parviendrait à se nier
.

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Université Paris 5 - René Descartes
Faculté des sciences humaines et sociales - Sorbonne
Département des sciences sociales
N° attribué par la bibliothèque
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THÈSE
pour l'obtention du grade de DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ PARIS 5 Disciplines : ethnologie et sociologie Présentée et soutenue publiquement par Mélanie ROUSTAN
Sous l'emprise des objets ? Une anthropologie par la culture matérielle
des drogues et dépendances
2005
Sous la direction de M. le Pr. Dominique DESJEUX Jury :
Mme Dominique PASQUIER
M. le Pr. Joël CANDAU
M. le Pr. Jean-Pierre WARNIER
M. Michel KOKOREFF
Un grand merci...
A toutes les personnes rencontrées « sur le terrain », pour ce
qu'elles ont bien voulu partager avec moi. La part d'elles-mêmes qu'elles
m'ont ainsi laissée constitue la substance de ce travail.
A Dominique Desjeux, mon directeur de thèse, qui m'a fait confiance
dès notre rencontre et m'a aidé tout au long de mon parcours.
Au groupe de réflexion Matière à Penser pour le cadre intellectuel sur
le corps et la culture matérielle, les critiques, relectures et
encouragements, et notamment à Jean-Pierre Warnier, Céline Rosselin, Marie-
Pierre Julien, François Hoarau, Julie Poirée et Myriem Naji.
A Jacqueline Eidelman et Anne Monjaret, avec qui j'ai eu la chance de
travailler et d'apprendre dans la rigueur et la convivialité le métier de
chercheur. A Françoise Tréguer pour son attention discrète mais constante
et aux membres du CERLIS pour leur accueil.
A mes confrères et amis chercheurs sur le jeu vidéo, qui ont contribué
à ma réflexion sur ce thème, notamment Jean-Baptiste Clais, Philippe Mora
et Michael Stora.
Au groupe des « thésards anonymes » - dont je révèle ici les noms :
Magdalena Jarvin, Julie Poirée, Laurence Buffet, Nicolas Hossard et
Wilfried Rault - pour leur solidarité et la qualité de nos longues
« soirées-débats ». Je dédie également une pensée sympathique à Pascal Hug.
Aux personnes qui m'ont aidée dans ma démarche documentaire, et
particulièrement à Clotilde Carrandié, du centre Marmottan.
A l'Institut National de la Jeunesse et de l'Education Populaire pour
son « coup de pouce » financier.
A mes proches, pour leur patience et leur indéfectible soutien.
Certains m'ont offert de chaleureuses conditions de travail, d'autres ont
su ajouter, lorsqu'il le fallait, la rigueur de la réflexion à la chaleur
du réconfort. Ils se reconnaîtront dans ses lignes, qu'ils reçoivent ma
sincère gratitude.
A ma famille enfin, pour tout. Sommaire
Avant-propos 6
Introduction 12 1. Les drogues et dépendances et leur étude 19
1.1 La drogue comme catégorie d'objets ? 20
1.2 La dépendance comme catégorie de relations à l'objet ? 24
1.3 Une cartographie contemporaine vaste et variée 28
2. Les objets et la consommation en sciences sociales 33
2.1 La consommation comme processus et comme usage 34
2.2 La place du corps 35
2.3 Une approche par la culture matérielle 36
3. Questions pratiques et choix épistémologiques 38
3.1 Les trois terrains choisis : objets, pratiques et sujets 38
3.2 Aller « sur le terrain » et comprendre une « culture » 40
3.3 Rencontrer des individus, se centrer sur les pratiques 42 Chapitre 1 - Les pauses café-cigarette : une habitude toxique structurée et
structurante 49 1. Les consommations typiques 56
1.1 Au café 56
1.2 A la fin du repas 61
1.3 Le matin 67
1.4 Au travail 78
2. Une habitude structurée et structurante 86
2.1 Un rapport au temps et à l'énergie 87
2.2 Un rapport au faire et au non-faire 94
2.3 Un rapport aux espaces et à autrui 98
3. Premiers jalons 105
3.1 Les multiples formes de dépendance à une « drogue » 105
3.2 La dépendance à une drogue comme sujétion ? 112 Chapitre 2 - Devenir « fumeur de joints », dans l'(inter)action 114 1. Devenir un « vrai fumeur » 114
1.1 Apprendre à (aimer) fumer - initier 114
1.2 S'adapter aux m?urs - intégrer 114
1.3 Fumer seul - transgresser 114
1.4 Acquérir une technique « secondaire » : rouler - s'autonomiser
114
2. S'approvisionner : un rapport au marché, un rapport à la loi 114
2.1 Les modes d'approvisionnement 114
2.2 Les ambiguïtés du consommateur acheteur et revendeur 114
2.3 Devenir un fumeur autonome 114
3. La dependance comme « integration » sociale ; la drogue comme objet
« ritualisé » 114
3.1 La gestion de la consommation 114
3.2 La ritualisation comme point de vue « indigène » 114
3.3 Déconstruire et reconstruire la drogue 114
4. Devenir « fumeur de joints », dans l'(inter)action 114
4.1 Les mécanismes d'une socialisation par l'action 114
4.2 La drogue comme « objet de pouvoir » 114 Chapitre 3 - La « réalité virtuelle » vidéoludique 114 1. Un objet « puissant », une pratique très « impliquante » 114
1.1 Spécificité de l'objet : « réalité virtuelle » 114
1.2 Spécificité de l'action sur l'objet : le corps comme sujet
incarné 114
1.3 Transition 114
2. Les liens aux notions de drogue et de dependance 114
2.1 La « réalité virtuelle » : une « technique hallucinatoire » ?
114
2.2 La pratique du jeu vidéo comme dépendance : les effets et les
usages qui en sont faits 114
2.3 Ce sont les usages d'une drogue... mais aussi des objets en
général 114
3. Un « pouvoir » construit dans l'action 114 Chapitre 4 - Le jeu vidéo : une passion honteuse ? 114 1. Une pratique illégitime ? 114
1.1 Les mécanismes sociaux d'une culture technico-ludique masculine
114
1.2 Où sont les femmes ? 114
1.3 « Trop » et « mal » jouer : de la stigmatisation de la pratique
à la rhétorique des drogues et dépendances 114
2. L'ambivalence de la figure de « l'accro », entre pathologie, passion et
expertise 114
2.1 Une intériorisation du cadre interprétatif de la pratique :
(auto)portraits d'« accros » 114
2.2 Formes stigmatisées et légitimes, postures dominées et
dominantes 114
2.3 Le contre-pouvoir des nouveaux métiers 114
3. Les « Drogues et dépendances » , un outil de « délégitimation » ? 114 Conclusion - De la légitimité des modes de subjectivation 114
Références bibliographiques 114 Avant-propos
Jeudi 21 février 2003.
Il est 8h25. C'est l'anniversaire de Nadine aujourd'hui. Elle a vingt-sept
ans. Pour fêter ça, elle s'est préparée un bon petit déjeuner : thé, jus
d'orange, céréales, fromage blanc agrémenté de quelques fraises, et même
un kiwi. Nadine vit seule, dans le 13ème arrondissement de Paris. Comme
tous les matins, après s'être habillée et maquillée, et juste avant de
partir au bureau, elle s'offre un dernier plaisir avant d'affronter les
foules des transports collectifs : une petite tasse de café, accompagnée
d'une cigarette. Sa première de la journée. Elle ponctue ainsi son petit-
déjeuner, comme tous les autres repas. Pour une fois cependant, elle
accomplit ces gestes en toute bonne conscience : après tout, c'est son
anniversaire... à quoi bon penser que tout ça ne l'aidera pas à trouver le
prince charmant (doigts et dents jaunes, teint gris, rides précoces,
cheveux ternes, et autres réjouissances, si l'on en croit les magazines
féminins)... Et puis, arrêter, elle a déjà essayé, si c'est pour prendre
cinq kilos en quinze jours, et avoir l'air cruche parce qu'on ne sait pas
quoi faire de ses mains, merci ! Bon, de toute façon, elle n'a pas envie
de se mettre de mauvaise humeur, ni en retard. Elle a du pain sur la
planche aujourd'hui, la journée va être longue. En partant, elle se dit
qu'elle a quand même pas mal réussi. Elle est encore jeune et occupe déjà
un poste à responsabilités dans une grande entreprise internationale - ça
sert quand même à quelque chose les écoles de commerce... Dans la rue, en
marchant jusqu'à la bouche de métro, elle plonge la main dans son sac et
trouve à tâtons son paquet. Son briquet est à l'intérieur. Elle reprend
une cigarette.
Un peu plus tard, dans un autre quartier de l'agglomération, plus au nord,
Alex commence à émerger d'un sommeil alourdi par la bière et les joints[1]
de la veille... Ses paupières ne sont pas vivaces et il cligne des yeux
pour tenter de dissiper les images de circuit automobile qui défilent
encore, comme incrustées dans ses rétines. Il a passé une bonne soirée. Ça
faisait longtemps qu'il n'avait pas vu ses potes du lycée. Ils se sont
bien amusés. Ils ont ressorti la vieille console et se sont défiés au
Mario Kart[2], comme au bon vieux temps, quand les filles n'étaient pas
encore une préoccupation et ne les obligeaient pas à soigner leur acné
avec je ne sais quelles crèmes... En plus, il les a « explosés » : il a
gagné quasiment toutes les parties. Donc, ça va, Alex est content. Bon,
c'est peut-être parce que les deux autres n'avaient pas trop trop
l'habitude de fumer de l'herbe. Il faut avouer que ça les a un